Rencontre avec Monseigneur de Moulins Beaufort le 20 novembre 2020 — Lycée Privé Sainte Geneviève

Aller au contenu. | Aller à la navigation

Outils personnels

Navigation

Rencontre avec Monseigneur de Moulins Beaufort le 20 novembre 2020

Le 20.11.2020, dans le cadre de la préparation au concours général de théologie, la BJ a eu la chance de recevoir Monseigneur Eric de Moulins Beaufort, archevêque de Reims et président de la conférence des évêques de France(1), afin de lui poser des questions sur le thème de « L’Église aujourd’hui ».

Pendant la rencontre, les élèves ont pu poser de nombreuses questions sur divers sujets : lois sociétales, engagement, talents, politique, prière, belles actions menées par l’Église aujourd’hui... Il a notamment pu nous éclairer sur les points suivants :

            - Qu’est-ce que l’Église aujourd’hui ? 

C’est une vieille dame et une jeune femme, comme  disaient les Pères de l’Église. Elle s’est préparée depuis les origines de l’humanité et apparait au jour avec le Christ et ses apôtres comme communauté entre êtres humains, réunis par la seule foi en la promesse de Dieu, cette promesse que tout être humain est fait pour vivre pour toujours dans la communion avec Dieu.  

L’Église est donc un signe pour l’humanité toute entière. Son chemin est ouvert à n’importe qui, quelles que soient ses compétences intellectuelles ou spirituelles : personne ne naît vraiment chrétien. Il s’agit de devenir ce que je ne suis pas encore.

L’Église laisse à chacun le choix de penser et prévoir ce qu’il veut vivre. Il y a au cœur de la foi une liberté.

            - Comment gérer le rapport entre l’Église et l’État ?

Certes, nous appartenons à un État, mais le fond de notre être appartient d’abord à Dieu.

L’Eglise dispose du pouvoir immense de dire : « tu es fait pour la vie éternelle, tes péchés sont pardonnés. » Aucun État ne peut dire cela. Le prix à payer pour pouvoir le dire est de renoncer à exercer le pouvoir politique, et c’est pour cela que la séparation de l’Église et de l’État est une bonne chose.

Les catholiques ne doivent pas être des facteurs de trouble social et de sédition : notre ADN, c’est d’être des citoyens exemplaires.

Néanmoins, l’État en régime démocratique peut faire des erreurs, comme lorsqu’il se permet d’interdire le culte. Les pouvoirs publics se veulent bienveillants mais ont été maladroits. En plus, laisser les églises ouvertes pour venir prier peut convenir pour nous mais  cela ne fonctionne pas pour les autres religions. L’État ne connait pas ce qu’est un office, et il devra faire attention à prendre des mesures plus justes s’il y a un nouveau confinement afin que la liberté de culte soit vraiment respectée. C’est à cela que nous pouvons veiller.

(1)La conférence des évêques de France est une structure stable basée à Paris, qui a notamment pour mission de se rassembler deux fois par ans à Lourdes en assemblée plénière afin de prendre des décisions pour l’Église de France et émettre des avis sur des questions de société.

            - Faut-il plutôt prier ou s’engager ?

Aider ses frères dans le besoin est indispensable pour un chrétien. Pour citer Saint Vincent de Paul, on peut en effet dire que : « durant ton oraison, si tu es dérangé par un frère dans le besoin, c’est quitter Jésus pour retrouver Jésus. » Mais attention à ne pas tomber dans l’activisme et à ne pas perdre le sens de la prière !

Le but de la prière est de grandir dans la charité en laissant l’amour de Dieu pour les hommes passer à travers moi et ma capacité d’aimer. Elle permet donc de permettre à la charité de Dieu d’habiter ma volonté et mon intelligence pour en abreuver mes décisions. Ainsi, l’action chrétienne consiste à faire du bien à la mesure de Dieu, sans raison autre de savoir que je fais sa sainte volonté. Elle n’est donc possible qu’en me laissant pénétrer par les paroles de Jésus.

            - Quelle est la place des étudiants et jeunes professionnels dans l’Église aujourd’hui ?

En consultant les jeunes de mon diocèse, ce qui était à l’origine de la ferveur de leur foi n’était pas leurs parents ou leur curé, mais la prière.

Voilà ce que j’attends des jeunes : qu’ils s’enracinent, profitent des ressources à leur disposition pour avoir une vie intérieure et être capable de profondeur.

J’ai moi-même un regard  positif sur les jeunes d’aujourd’hui, à travers les rassemblements de jeunes catholiques, où j’ai pu voir des jeunes capables, après des temps forts joyeux, de prier en silence devant le Saint Sacrement.

Alors maintenant faites ce que vous avez à faire !

Ce sont  quelques uns des thèmes abordés avec Mgr de Moulins Beaufort. Ce fut un véritable honneur de pouvoir dialoguer aussi librement avec lui.

Antoine Chevreau, PCSI 3