Conférence de Monsieur Hubert Védrine le lundi 31 mai 2021

Dans son introduction le ministre souligne que le terme « Europe » pouvait être pris comme un mot-valise où l’autonomie, voire l’indépendance des institutions telles que la Commission européenne, le Parlement européen, la Cour de justice floute le contour précis de l’entité. Et ce d’autant plus que les 27 pays membres, dont plusieurs ont des gouvernements de coalition, ont des conceptions différentes de l’Europe.

Fille de la paix, l’Europe ne l’a pas créée et n’a pas été conçue comme étant une future puissance autonome. Pour monsieur Védrine, la plupart des Européens abandonnent l’idée de puissance après la guerre et développent le continent en tant qu’entité économique, laissant les Etats-Unis s’occuper de la défense et de l’aspect stratégique. L’idée de créer une armée européenne est très difficile à mettre en œuvre.

Aujourd’hui, si l’enjeu est de faire de l’Europe une puissance, notamment pour la France, il faut veiller à ce que l’Europe ne devienne pas, par naïveté, « l’idiot du village global. »

Citant Frank-Walter Steinmeier (président de la République fédérale d'Allemagne), Hubert Védrine s’inquiète du fait que « Nous, Européens, sommes des herbivores géopolitiques dans un monde de carnivores géopolitiques ».

Abordant les perspectives, l’ancien ministre des affaires étrangères, conseille de de faire d’abord un moratoire sur l’immigration, pour organiser les pays de départ et d’arrivée, de distinguer le droit d’asile et que l’Europe devienne « machiavélienne » en étant capable d’avoir une stratégie à long terme. Elle doit comprendre que pour conserver ce mode de vie ou civilisation européen(ne), il faut faire avancer les choses, notamment dans la prise de conscience du danger de dépendre de pays extérieurs dans des domaines clés. S’il ne s’agit pas de relocaliser les productions en Europe, il faut conserver ou créer sur le continent les industries de demain : « l’écologisation ».

Comme à l’accoutumé la phase d’échanges qui a suivi l’intervention de Monsieur Védrine a été très riche. Monsieur Védrine soulignant en partant le grand plaisir et l’intérêt qu’il a eu de venir à Ginette.

Une réelle opportunité saisie par les élèves de bénéficier de sa grande expérience et son analyse incontournable des relations internationales et la situation géopolique de l’Europe.